4.2. Symbolisme
Le symbolisme atteint son apogée au 16ème siècle. Chaque cour d'Europe, chaque Prince, chaque Roi, avait son astrologue. Les nombres, les couleurs, les gestes et postures étaient associés à des symboles. Les costumes, décorations des cérémonies, structure des œuvres musicales, choix des instruments, étaient au service de cette symbolique. Si ces symboles apparaissent dans les œuvres musicale, les peintures et autres créations artistiques de l'époque, il est raisonnable de penser que les spectacles et cérémonies étaient préparés avec ce même soucis d'y dissimuler symboles, indices et allusions compréhensibles pour les élites intellectuelles.
" Il est certain que les peintres ont souvent mis au premier plan des considérations de composition visuelle, au détriment de l’exactitude de la représentation ; en outre, des symbolismes que nous n’apercevons plus ont pu jouer. L’importance de ces phénomènes varie considérablement. "
Nicolas Meeus (musiSorbonne@cines.fr)
Une étude des symboles liés aux instruments de musique nous fait découvrir un réseau de signification qui éclaire toutes les images étudiées dans les précédantes parties. Cette symbolique est liée fortement à l’alchimie, l’astrologie et à la religion (bible). Non seulement la position, la courbure, la couleur, la matière du cornet ont une signification, mais le fait de placer un cornet courbe à gauche, en opposition à un cornet droit, une trompette ou une harpe est un véritable message codé qui contient en lui les lois fondamentales de l’alchimie. Il se pourrait peut-être que la perce à droite ou à gauche participe à ce symbolisme
" Le langage symbolique était extrêmement répandu aux époques où lecture et écriture étaient l'apanage d'une petite élite. L'église l'a donc très largement utilisé pour son enseignement. Rappelons simplement que le calendrier ecclésiastique s'appuie quasi totalement sur l'astrologie, et le symbolisme des couleurs des vêtements du prêtre (vert pour les fêtes d'espérance, rouge pour celles où l'amour divin est plus spécialement exalté, blanc pour les fêtes de lumière...), sans oublier la symbolique numérique, le Trois rappelant la Sainte Trinité, le Quatre les Evangiles... Tout cela rejoint la tradition païenne. (...) Dans le cas des groupes de musiciens instrumentistes ou chanteurs, l'étude de nombreuses iconographies nous révèle d'une part d'évidentes allusion à de classique dispositions symboliques traditionnelles et, d'autre part, des constantes impossibles à éluder. Les mêmes instruments se retrouvent, à travers les siècles, toujours chargés des mêmes symboles. Un classement systématique s'impose à l'observateur le plus superficiel. "
Musique et symbolisme, p.67-68.
Les alchimistes donnaient à la musique un rôle fondamental et ils associaient donc les instruments à de nombreux symboles :
" En règle générale, les alchimistes revendiquaient les liaisons les plus étroites entre leur art et la musique, allant jusqu'à qualifier le Grand Art (l'alchimie) d'Art musical. De nombreuses illustrations présentent l'alchimiste se délassant de ses travaux au son des instruments, ceux-ci représentant en quelque sorte un retour au monde sensible, après de difficiles voyages dans le monde spéculatif. L'inscription latine portée (brodée?) sur la nappe de la gravure le laboratoire de l'alchimiste, sous les instruments, pourrait se traduire par : " La musique sacrée disperse les esprits mélancoliques et malins. " Khunrath semble donc insister sur l'aide apportée par la musique aux méditations de l'Initié. "
Musique et symbolisme, p.81.
Les symboles sont souvent associés en groupes formant un système : en couples dont les deux membres s'opposent (mâle / femelle), en trinômes (le père, le fils et le saint esprit), en quatuor (les quatre saisons), en dodécanaires (les douzes signes du zodiaque), etc... Nous allons donc explorer ses symboliques en fonction du nombre de membres qui les composent.