La perpétuelle évolution des technologies, en matière de synthèse sonore est un attrait puissant pour le praticien, mais elle engendre des problèmes que nous n'ignorons plus. Si les sons et les œuvres sont actuellement assurés d'une bonne chance de conservation, les dispositifs qui ont permis leur création, en revanche, ne le sont absolument pas. Pire, la création de techniques toujours plus performantes entraîne l'obsolescence des précédentes et, avec elle, celle des œuvres qui en sont issues.
L'hypothèse a été émise, que la fixation de ces sons et de ces œuvres serait la cause de leur tendance à se démoder. Dans ce sens, nous pourrions penser que l'utilisation de la synthèse par modèles physiques, pourrait préserver l'œuvre d'un tel sort. En effet, en conservant non pas le son mais le modèle qui est susceptible de l'émettre, nous offririons la possibilité de produire une autre exécution de l'œuvre. De plus, le modèle serait susceptible de bénéficier d'une augmentation du taux d'échantillonnage, d'une amélioration des algorithmes de synthèse ou, dans le cas de la synthèse modale, d'une augmentation du nombre de modes calculés. Malheureusement, ceci n'est possible que, tant que l'on peut compiler à nouveau les programmes. Si la capacité de calcul disparaît, effet pervers du renouvellement technologique, seule la fixation du son même reste possible pour en assurer la pérennité, tout en bloquant la possibilité d'un travail renouvelé. Ainsi, les œuvres produites par modélisation physique ne semble pas promises à un avenir meilleur, condamnées comme les autres à l'oubli ou à l'obsolescence.