TABLE DES MATIERES |
DOCUMENTS |
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Première jounée |
Deuxiéme jounée |
LA RYTHMIQUE JAQUES-DALCROZE
Présentée par Aline Hufschmitt
Ce système pédagogique peut être défini, pour reprendre le titre d'un livre de Marie-Laure Bachmann, comme une éducation par la musique et pour la musique. Pour comprendre en quoi consiste cette méthode éducative, un bref aperçu de la vie de Jaques-Dalcroze est nécessaire. Puis, afin d'avoir une idée concrète de cet enseignement, je vous propose un résumé détaillé de deux journées de cours sous la direction de Mme Joy Kane. Pour conclure, je vous ferais part de mes critiques positives ou négatives concernant cette méthode pédagogique et son application dans le domaine de l'enseignement de la musique.
Emile Jaques-Dalcroze est né en 1865 à Vienne. Cette ville de fête et de musique marquera
ses goûts. La famille Dalcroze fréquente les concerts de Strauss, celui-ci distingue chez le jeune Emile un
don pour la musique et conseille à ses parents de lui offrir une solide formation musicale. A Genève Emile,
qui rêve de devenir clown (ce qui explique l'idée de sa méthode pédagogique) ou musicien, obtient la place
de professeur de solfège dans le conservatoire de la ville. Il se retrouve face à des élèves arythmiques:
formés de façon trop théorique, ils n'ont pas de sensation du rythme. Il décide de faire bouger ses élèves:
danse, exercices en mouvement, chansons, canons servent à vaincre leur timidité et leur permettent d'acquérir une vision plus vivante de la musique. Mais, sa méthode, trop peu académique déplaît au directeur: il est renvoyé pour son excentricité.
Il part s'installer aux Etats-Unis, fait des " show " à travers l'Europe et se fait remarquer par les Allemands. Hellerav, ville consacrée à la culture, dédiée aux travailleurs, est fondée en 1907. Un " temple du rythme " est créé pour l'enseignement de la rythmique Jaque-Dalcroze en 1911.
Mais, à la fin de l'empire autro-hongrois, la guerre approche et les conflits se font sentir dans la ville d'Hellerau. Emile Jaques-Dalcroze retourne en Suisse. A Genève on établit un centre de rythmique Jaques-Dalcroze qui est encore aujourd'hui le centre pilote de tout ce système d'éducation. Jaques-Dalcroze est mort en 1950.
Ce système est appliqué différemment dans chaque pays car Emile Jaques-Dalcroze voulait un système libre, modelable, enrichissable. " La musique, c'est vous, disait Jaques-Dalcroze, adaptez le système à votre musique ".
Aujourd'hui le système est adapté aux enfants, aux handicapés, aux danseurs. A l'époque des ballets russes, la rythmique Jaques-Dalcroze était intégrée comme médiateur entre musique et danse: quand Stravinsky ne réussissait pas faire comprendre ce qu'il voulait à Nijinsky, il faisait appel à un professeur de rythmique Jaques-Dalcroze.
En Suisse se trouve la maison mère, fidèle à la rythmique telle que Jaques-Dalcroze l'enseignait. En Allemagne le mouvement prend le pas sur l'aspect musical, alors qu'aux Etats-Unis, c'est l'inverse. En France, jusqu'en 1983, le système était inexistant. Le côté matériel contraignant (salle de danse, piano, divers outils: balles cerceaux...), les gestes non formalisés, la liberté donnée aux élèves, le droit de faire des erreurs sans être sanctionné, l'utilisation de ces erreurs par le professeur comme point de départ à l'enseignement d'une notion, tout ceci forme un ensemble mal accepté, encore actuellement, par la culture française.
RESUME DES COURS
Première journée :
Dés l'arrivée, les élèves doivent être mis en confiance. Le cours se déroule dans une salle de danse ce qui intimide les élèves habitués à l'immobilité rassurante que leur offre l'univers cloisonné des tables et des chaises.
Le corps doit bouger et pour l'y obliger, chacun reçoit une balle de tennis: l'exercice est simple, il suffit de dribbler et de marcher en même temps. Le professeur commence à marquer une pulsation régulière en frappant dans ses mains ou à l'aide d'un idiophone: certains élèves adaptent immédiatement leur rythme de dribble à la pulsation, d'autres continueront à dribbler de façon anarchique. Le professeur, sans un mot, essaye de leur faire sentir, par un geste ample, que la balle doit toucher le sol sur la pulsation. Puis, quand tous dribblent en rythme, il ajoute un temps "faible" entre chaque pulsation. Sur un tambour, il matérialise temps forts et faibles par "boum" (son ample) et "tac" (son sec). Le professeur invite les élèves à prononcer ces onomatopées tout en dribblant et se met lui même au piano pour jouer un morceau sur ce rythme. Les élèves doivent acquérir la sensation de la pulsation et savoir placer temps forts et faibles quand le professeur joue un morceau au piano (ce qui n'est pas toujours évident pour des non musiciens). Le "temps fort", pour éviter toute connotation que le terme porte en lui (temps fort, Schwer-punkt, down beat ) sera appelé "crouse" par analogie avec le terme "anacrouse". Sur une mesure à 4 temps, les élèves doivent marquer crouse, anacrouse et métacrouse:
Pour montrer aux élèves à quel point on peut facilement mettre à défaut leur vigilance, le professeur leur demande de marcher en rythme pendant qu'il compte "1,2,3,4,1,2,3,4,1,2,3,4...", quand il criera "GO", les élèves devront commencer à marquer la mesure avec la balle. Le professeur commence donc à compter: "1,2,3,4,1,2,3,4,1,2,3,4". Tous les élèves ont lancé la balle en assimilant le "4" crié à l'ordre "GO". Afin de détendre l'atmosphère par un peu d'humour, le professeur provoquera plusieurs "faux départs" de ce genre pendant le cours. C'est également une façon de mobiliser à nouveau l'attention des élèves quand celle-ci commence à baisser.
Le professeur définit le terme "tempo" comme étant "la longueur des épisodes entre chaque pulsation régulière".Toujours avec la balle sur une mesure à 4 temps le professeur effectue des accélérations et des ralentis: quand les élèves sont tous à quatre pattes ou en train de courir désespérément après leur balle, le professeur peut aisément leur faire comprendre qu'un tempo rapide nécessite de petits gestes, donc peu d'espace et peu d'énergie, alors qu'un tempo lent réclame des gestes amples, donc beaucoup d'espace et beaucoup d'énergie pour lancer la balle. Un deuxième essai montrera l'efficacité d'une telle adaptation du geste au tempo.
Afin de mettre tous les sens de l'élève en action, le professeur leur fait mémoriser la chanson (document 1). En marchant, en marquant la mesure avec la balle, l'élève chante de mémoire. L'exercice peut être exécuté à deux en chantant en canon alterné. Deux groupes de couples de ce type chantant chacun en canon alterné peuvent chanter en canon à l'unisson, le second groupe commençant quand le premier chante "la balle".
Maintenant que les élèves ont un peu fait connaissance, le professeur les invitent à se présenter: sur une mesure à 4 temps. Il fait remarquer aux élèves que leurs noms sont crousiques (cf: Pierre) ou anacrousiques (cf: Isabelle). La même constatation peut être faite en annonçant l'instrument joué par chacun (cf: claves / contrebasse). Le professeur leur fait sentir ainsi ce qu'est la prosodie, et la sensation du rythme dans son sens le plus large.
Après cette brève présentation le professeur invite chacun à exprimer de façon personnelle les sensations de tonique et de dominante par des gestes (tonique: poing serré, main au sol, etc... / dominante: main ouverte, doigt levé, etc...). Le professeur propose à chacun d'adopter un même geste symbolique: main fermée et pouce levé pour la tonique, main ouverte et doigts écartés pour la dominante. Pendant qu'il joue un morceau simple au piano chacun doit manifester le degré des accords joués par le geste approprié, puis doit compléter ce geste en annonçant oralement la fondamentale de l'accord.
Afin de fixer la sensation de tonique ( totalement abstraite pour un non musicien) le professeur propose de chanter la chanson du document 2.
Le professeur propose maintenant d'aborder deux valeurs rythmiques: la ronde et la noire. Dans la mesure à 4 temps le professeur demande de différencier une mesure vide dont seule la crouse est annoncée d'une mesure pleine d'une ronde: le geste représentant la ronde doit être un mouvement continu de 4 temps dont le premier est frappé de façon sonore.
Le professeur joue une mélodie en noires et rondes que chaque élève doit suivre en frappant chaque valeur rythmique dans ses mains. Pour ajouter une difficulté le professeur demande aux élèves de frapper les rythmes dans les mains quand il joue dans les aigus du piano et aux pieds quand il joue dans le grave, puis il joue simultanément dans le grave et l'aigu.
La rythmique Jaques-Dalcroze se basant beaucoup sur le principe d'imprégnation, le professeur fixe l'acquis en associant le frappement dans les mains (et le mouvement continu du corps pour la ronde) au mot correspondant:
Le professeur propose un corps à corps entre les élèves et lui-même: il exécute un geste ou une grimace que les élèves doivent immédiatement répéter, puis il fait de même avec un rythme frappé dans les mains. Il propose alors de revenir aux rondes et aux noires: il frappe dans ses mains un rythme d'une mesure (4 temps) que les élèves doivent répéter la mesure suivante; mais pendant que les élèves exécutent le rythme, le professeur en frappe un autre que les élèves doivent répéter la mesure d'après et ainsi de suite.
Le professeur propose pour conclure de faire une ronde et de chanter la chanson du document 3 en marquant chaque note par un pas: la première phrase est exécutée en marchant dans le sens des aiguilles d'une montre et la seconde en sens inverse. Puis, le professeur propose à quelques élèves de former une autre ronde dans la première ronde et de chanter en canon (deux mesures de décalage) en tournant de la même façon (donc décalé par rapport à la première ronde).
Le professeur introduit alors la notion de "pattern": "série d'événements répètes exactement à intervalle exact" et demande aux élèves de lui citer des exemples de pattern (motif de papier peint, tissus écossais, motif rythmique du boléro de Ravel, motif mélodique, etc...). Le professeur propose alors aux élèves de l'écouter exécuter un rythme, dès qu'ils pensent avoir identifié le pattern, ils peuvent commencer à frapper le rythme dans les mains en marchant tout droit et changer de direction chaque fois que le pattern reprend au début. Le professeur introduit un piège: le pattern contient au début une formule rythmique répétée trois fois que les élèves identifient comme le pattern lui même. Le professeur montre ainsi aux élèves que les patterns sont extrêmement fréquents.
Le professeur propose une technique d'apprentissage par imprégnation: le chant du document 4 est exécuté en associant à chaque notion un geste. Paroles et mélodie du chant sont en relation étroite pour permettre une bonne assimilation des notions de polycordes et intervalles.
Deuxième journée :
Le cours suivant commence de nouveau par un jeu de balle: l'élève doit différencier plusieurs types de mesure 2/2, 2/4 et 4/4 et les marquer par deux façons différentes de dribbler pendant que le professeur joue un morceau au piano.
Le professeur propose alors de reprendre en choeur la première chanson ("bonjours, bonjours, hello,...") en battant la mesure comme il se doit. Puis il propose une chansonnette en 2/2, basée sur le principe de l'apprentissage par l'imprégnation: le geste est associé à un texte explicatif mis en musique.
Le professeur vérifiera une dernière fois que la perception des différentes mesures est bien acquise en introduisant des changements fréquents de mesure dans un même morceau: les élèves devront suivre la musique en marquant les changements de mesure par un mouvement différent de la balle.
Le professeur organise une pause, instant privilégié ou la personnalité de chaque élève va pouvoir s'exprimer: sous les apparences d'une conversation paisible le professeur va aborder une notion qu'il pourra ensuite développer dans la suite du cours.
Le professeur demande: "Sur quoi évoluons-nous ?", chaque élève donne sa réponse: le sol, la terre, la piste de danse, etc... Le professeur oblige chaque élève à accompagner sa réponse d'un geste ample: une grande révérence terminée par le touché du sol par les mains. Puis, il demande à chaque élève quel est le centre de son univers. Il leur fera admettre que le centre de l'univers de chacun c'est soi, et leur demandera d'accompagner la réponse " moi " d'un geste des mains. " Avec qui suis-je ? " demande ensuite le professeur: " Avec vous ", et il accompagne cette déclaration d'un geste: bras tendus, main ouvertes en direction des élèves. Il demande à chaque élève de donner la même réponse à cette question en exécutant le même geste. Pour finir il demande ce qui se trouve au-dessus de sa tête et invite les élèves à accompagner leur réponse d'un geste désignant ce qu'ils nomment: le plafond, le ciel, les extra-terrestres, dieu, etc...
Le professeur demande à chacun de récapituler les réponses accompagnées des gestes: " terre, moi, vous, ciel, terre, moi, vous, ciel... " puis avec une seule main et de plus en plus rapidement. Pendant que les élèves scandent ces 4 mots avec les gestes correspondants le professeur se met au piano et exécute un morceau à 4/4. " Voilà, vous savez battre la mesure !" déclare le professeur. Il définit alors la battue des mesures à deux temps par " terre, ciel ", les mesures à trois temps par " terre, vous, ciel " et celles à cinq temps par " terre, moi, toi, vous, ciel " ( le " toi " étant accompagné du geste: bras tendu devant soi ).
Le professeur joue alors une mélodie en noires et rondes: les élèves doivent faire un pas pour chaque noire et un pas accompagné d'un grand geste de tout le corps pour la ronde, en continuant toujours à battre la mesure avec les mains.
Le professeur propose alors de faire un "canon prolongé": il exécute un rythme (4 noires ou 1 ronde par mesure), quand il change de rythme, les élèves commencent à battre le rythme précédant et ainsi de suite. Les rythmes sont frappés avec les pieds, les mains continuant à battre la mesure.
Le professeur leur demande, en battant la mesure, de faire un pas par noire, puis, au signal, de faire un pas par croche. Il leur demande ensuite de marquer les temps en marchant et de frapper les croches dans les mains, au signal, ils devront inverser, ce qui demande une grande coordination des mouvements et le contrôle de soi.
Le professeur annonce alors un chiffre entre 1 et 4, et explique que deux croches doivent être exécutées sur le temps correspondant, le reste de la mesure devant être complété par des noires. Ensuite il annonce autant de chiffres qu'il désire parmis 1,2,3 et 4 et les élèves doivent placer les croches sur les temps correspondants.
Le professeur se fixe alors sur le rythme et explique ce qu'est une liaison: quand une noire veut s'approprier une croche, elle l'attrape par la tête et la décapite puis arbore fièrement son trophée devant elle, alors que la soeur jumelle de la pauvre victime, triste, baisse son "drapeau".
Pour illustrer ce rythme en marchant, le professeur demande aux élèves d'imiter une mariée se prenant les pieds dans sa traîne ou propose, comme autre illustration, un pas de tango. Ensuite pour fixer ce nouveau rythme il propose de chanter en choeur un petit rap (document 5) en exécutant un rythme courant de batterie.
Le professeur propose un rythme plus difficile: (document 6a) et une chanson (document 6b) pour l'illustrer.
Pour faire comprendre aux élèves la notion de phrase, le professeur propose un motif rythmique de 4 mesures associé à des paroles et des gestes :
Puis pour leur faire comprendre le rôle de la phrase musicale, le professeur se met à parler sans marquer aucune ponctuation et sans respirer. Quand les élèves, atterrés, ont tous les yeux écarquillés, le professeur leur déclare que le rôle de la phrase est de rendre le propos intelligible et cohérent: sans un découpage par phrase, le propos est incompréhensible.
Le professeur propose l'exercice suivant: il frappe des coups réguliers sur un tambour, quand il criera "GO", les élèves devront former une ligne en dix pas (chaque pas correspondant à un coup de tambour). Cet exercice demande une complicité des élèves entre eux car il est difficile sans cela de coordonner les mouvements de l'ensemble. Pour augmenter le degré de difficulté, le professeur propose ensuite de former un cercle, une croix, un T puis un 8 en un nombre de pas donné.
Les élèves se mettent en cercle. Un élève reçoit une balle. Le professeur bat une pulsation régulière et quand il crie "GO", les élèves doivent commencer à faire passer la balle, chacun recevant la balle sur le temps. Le professeur exécute des ralentis ou des accélérations pour vérifier que les élèves ont bien assimilé le fait que tempo, espace nécessaire pour les gestes et énergie développée pour passer la balle sont liés. Pour augmenter le degré de difficulté le même jeu peut être reproduit avec plusieurs balles circulant dans le même sens ou non.
Le professeur introduit encore une difficulté supplémentaire: sur le temps il crie un chiffre, l'élève qui reçoit la balle à ce moment la lève autant de fois au-dessus de sa tête que le nécessite le chiffre donné, puis il recommence à faire passer la balle jusqu'au prochain chiffre cité par le professeur. Celui-ci peut donner un autre chiffre juste quand l'élève a terminé d'exécuter le premier, dans ce cas, le même élève exécute la réalisation du deuxième chiffre donné.
L'exercice peut être exécuté par chaque élève seul: l'élève dribble en marchant et quand un chiffre est cité, il s'arrête et lève la balle au-dessus de sa tête autant de fois que nécessaire.
Comme ils l'avaient fait pour les croches, sur une mesure à 4 temps, les élèves frappent chaque temps dans les mains de façon très sonore, et quand le professeur cite un ou plusieurs chiffres entre 1 et 4 les élèves placent un soupir sur le temps correspondant. Le soupir est matérialisé par l'absence de frappement dans les mains. Afin de faire sentir l'importance du silence, le professeur le définit comme "impulsion d'énergie égale mais opposée": le silence a un statut égal à une note, il ne doit pas être ressenti par l'élève comme une absence de note. Pour fixer cette notion, le professeur propose d'exécuter le chant du document 7 à deux groupes: l'un chante les temps, l'autre marque les silences par des gestes ou chante les paroles données.
Le point qui surprend le plus dans la rythmique Jaques-Dalcroze, pour l'esprit français, c'est le droit de se tromper : l'erreur est normale, nécessaire pour que l'élève progresse, mais également recherchée par l'enseignant. En effet, comme on l'a vu dans l'exercice de la battue des pulsations par la balle, l'enseignant fait exprès d'accélérer exagérément le tempo pour que tous les élèves échappent leur balle : c'est une fois l'erreur commise que le professeur va expliquer aux élèves pourquoi ils ont échappé leur balle. Il leur dit comment battre la mesure selon le tempo : la règle qu'il énonce n'a alors rien d'arbitraire pour les élèves car ils savent à quoi ils s'exposent en ne la respectant pas.
Cette méthode est caractérisée par un refus systématique des gestes mécaniques et des règles arbitraires : chaque chose à sa raison d'être, chaque mouvement est humanisé (battue de la mesure par " terre, moi, vous, ciel ") et chaque règle répond à un besoin précis.
Une autre qualité de ce système est de se présenter sous un aspect ludique. La musique devient soudain réellement un plaisir pour tous les élèves qui la considère souvent comme un enseignement contraignant et abstrait.
L'apprentissage par imprégnation est également un point fort de la rythmique Jaques-Dalcroze : associer une notion à un air de musique et à des paroles expliquant cette notion est une façon terriblement efficace de fixer les acquis. De plus, associées à des gestes, ces chansons explicatives mettent l'individu en entier en action : le rythme n'est plus alors une notion abstraite de mouvement mais une expérience totalement vécue par l'élève.
Mais la chose que je trouve le plus remarquable dans la méthode de Jaques-Dalcroze, c'est d'avoir compris que la musique n'est pas une activité qui peut se limiter aux 4 murs d'un conservatoire. C'est également un outil qui permet d'établir un contact avec le monde, qui permet à chaque individu de se développer, quelque chose qui est présent partout à chaque instant : avant même d'être dans le déchiffrage d'une partition à l'école, elle est présente le matin, dans votre salle de bain, quand vous chantonnez sous la douche. Bien plus qu'un apprentissage de la musique, la rythmique Jaques-Dalcroze est un développement de l'élève par la musique :
Le seul point qui me semble problématique avec la rythmique Jaques-Dalcroze, est la quantité de temps et les moyens matériels nécessaires pour la mettre en oeuvre comme unique méthode pédagogique. Dans le cadre d'un enseignement ou de nombreuses notions doivent être abordées dans un temps limité, il semble difficile de la mettre en oeuvre. Cependant, même pour un enseignant qui ne désire pas l'utiliser comme unique méthode pédagogique, il semble évident qu'elle peut constituer un appoint utile pour corriger, de façon sûre, des défauts ponctuels survenants chez les élèves.